Auteur: laurent lippa (laurentlippa@hotmail.fr)
Date: Fri Apr 06 2007 - 17:07:26 CEST
Du Complete Amber Sourcebook, la traduction de l'entrée Abîme
L'Abîme du Chaos
Il s’agit de l’immense vide qui marque la limite ultime de l’univers dans
les Cours du Chaos. On s’y réfère également par les termes de Profondeurs
Abyssales ou de Gouffre du Chaos.
Lorsque Corwin posa les yeux pour la première fois sur l’Abîme du Chaos, il
ressentit l’appréhension de l’inconnu et l’effroi du néant, comme cela est
montré dans sa description faite dans les Chroniques :
« En baissant les yeux de l’endroit où je me trouvais, il me semblait
apercevoir une vallée emplie d’innombrables explosions de couleurs. Mais
quand les ténèbres en progression firent face à ce déploiement chromatique,
alors les astres dansèrent et jetèrent leurs feux aussi bien dans les
hauteurs que dans les profondeurs, laissant apparaître un abîme insondable.
J’avais la sensation de me trouver aux confins du monde, de l’univers, de
tout. » (La Main d’Obéron 92)
Depuis les parties les plus lointaines de la région de l’Abîme, Corwin se
trouvait en mesure d’apercevoir une sombre structure au sommet d’une
montagne noire, la surplombant d’une noirceur encore plus prononcée. Plus
tard, il observa de larges bandeaux diaphanes flottants partant de cet
endroit vers d’autres horizons, et des hommes chevauchant des montures à
forme démoniaque sur ces mêmes bandes flottantes.
Quand Corwin put à nouveau voir l’Abîme, ce fut au cours de la bataille de
la Chute de la Marelle, durant laquelle les forces d’Ambre étaient conduites
par son frère Bénédict contre les armées des Cours. Bizarrement, la Route
Noire, qui s’étirait à travers toutes les Ombres jusqu’au pied du Mt Kolvir,
se tenait au-dessus du Gouffre Noir, traversant cet obscur domaine, s’y
enfonçant même. Pour Corwin et ses semblables, l’Abîme leur apparaissait
terrifiant et imposant, un anathème irrévocable contre toute réalité connue.
Lorsque Brand et Deirdre se perdirent dans ses profondeurs, les ténèbres
éternelles de l’Abîme du Chaos révélé dans son indicible majesté rendirent
inopérante toute investigation limitée aux champs de perception inhérents à
l’espèce humaine. Le Joyau du Jugement, qui était tombé avec eux, semblait
irrémédiablement perdu pour les Ambriens. C’est pourquoi Corwin et les
autres restèrent stupéfaits lorsque, au lieu de voir surgir d’épouvantables
monstres immondes à en perdre la raison, ils assistèrent en témoin
privilégié à l’apparition hors l’Abîme de la Grande Licorne portant le Joyau
près de son cou.
Corwin exprima sa perception personnelle du Gouffre comme un précipice
incommensurable. Il était inconnaissable, illimité, et absolument nihiliste.
Inviolable par l’homme, inaccessible à toute présence humaine.
Ce n’est simplement pas la même vision des choses dans les journaux tenus
par Merlin, le fils de Corwin. Le Gouffre était un lieu sacré et de
sacralisation, un site dédié au culte et aux adieux pour les défunts
quittant les Cours du Chaos. La Cathédrale du Serpent, au bout de la Place
de la Fin du Monde, repose au bord du Gouffre. En point d’orgue du service
funéraire, le cercueil portant le cadavre glisse sur des rails jusqu’à une
ouverture débouchant sur les profondeurs. Il s’agit d’une cérémonie
solennelle acceptée avec fierté et espoir par tous dans les Cours.
Dans certaines aires de l’Abîme, les courants aériens sont si puissants que
la jeunesse locale s’adonne à un sport les mettant à profit pour se
déplacer. Jeune homme, Merlin avait engagé un duel sportif avec son
demi-frère Jurt. Ils montaient des pierres en suspension dans les airs
auxquelles ils s’accrochaient par des pieds dont la forme avait été changée
au préalable par métamorphose. Ils pratiquaient une forme singulière
d’escrime avec des appareils connus sous le nom de trisps et de trislivers.
Sans se préoccuper de l’immense vide en dessous d’eux, ils combattirent.
Quand le duel se durcit jusqu’à devenir dangereux pour les protagonistes, le
frère par alliance de Merlin, Mandor, et son demi-frère Despil, se
décidèrent à intervenir. Bien que Jurt ait été blessé, ce ne fut pas au
point de risquer de chuter dans le Gouffre. Avec ses pieds solidement
cramponnés au petit rocher qu’il montait, Merlin dériva un court instant
jusqu’à ce que Despil soit à ses côtés, et que Jurt soit alors guidé jusqu’à
un rebord de l’Abîme. Un tel jeu basé sur les courants aériens soufflant
dans certaines portions de l’Abîme a toujours été un loisir pour les
casse-cous et une certaine partie de la jeunesse des Cours.
L’Abîme offre un emploi à tous ceux qui sont cascadeurs de nature. Non
concernés par le caractère sacré de l’Abîme et suffisamment aventuriers pour
l’explorer comme si c’était une activité banale, les Plongeurs de l’Abîme du
royaume sondent les profondeurs sans discontinuer. Parfois ces Plongeurs de
l’Abîme sont embauchés pour chercher des artefacts destinés à l’étude ou
pour dénicher des trophées pour collectionneur. Mais plus souvent le
plongeur est motivé par l’appât du gain et recherchera des objets à vendre
par le biais d’échanges commerciaux privés à tous ceux qui leur trouvent de
la valeur.
Dans ses carnets de note, Merlin fait mention d’un Plongeur en Abîme de sa
connaissance :
« J’allai prendre une petite dague que j’avais apporté du Chaos, présent de
Borquiste Le Plongeur-en-Fosse auquel j’avais donné autrefois une lettre de
recommandation lui ayant permis de trouver un mécène. C’était un poète
acceptable. » (Le Sang d’Ambre 226)
Plus récemment, au moment où le conflit entre le Logrus et la Marelle avait
atteint son climax, Merlin avait effectué une plongée dans une aire de
l’Abîme où les Plongeurs-en-Fosse avaient l’habitude de plonger à pic vers
les profondeurs. Merlin nota :
« Les Plongeurs de l’Abîme, ceux qui cherchent par-delà la Lisière des
objets remontant à la création, avaient suspendu leurs opérations pour la
première fois depuis des générations. Questionnés, ils me parlèrent de
phénomènes inquiétants dans les profondeurs, tornades, vagues de feu,
éruptions de matière naissante. » (Prince du Chaos 267)
La discorde entre les Puissances antagonistes semblait se refléter jusque
dans le grand vide, que l’on avait tendance à imaginer comme étant le néant,
à tort apparemment.
La Plongée en Abîme, le sport de sa jeunesse, sa familiarité avec toutes les
régions du Chaos, le Grand Abîme inclus, sachant que c’est de lui que vient
le terme de Chaos, tout ça faisait partie de ce que Merlin connaissait et
aimait dans sa patrie d’origine. Après avoir appris la violence des
turbulences qui agitaient l’Abîme par la bouche même des Plongeurs, Merlin
prit la décision de tout faire pour apporter la paix à ce pôle de
l’existence.
DR
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